Pépé’s Would-be Century.
Louis Marceau Albert Fructidor Volat
Dimanche, 21 Août, 1910 à Molines, St.-Étienne-du-Valdonnez, Lozere, France
Mardi 6 Juillet, 1993 à la Salle Prunet, Lozere, France
3 years past there was a dinner, coincidentally the anniversary of the day Louis Albert Marceau Fructidor broke his pipe.. In memory of a tripe enthusiast grandfather turning out his light, I ordered what was fit for… a discreet Communist, direct descendant of Charlemagne and Le Baron D’Apcher… an incorruptible school professor forced to flee Nice after turning over the smarmy portrait of Vichy’s Marshal Petain in his classroom…a Resistance fighter who rescued victims of bombardments and stashed his revolver in my mother’s crib…then a determined Rubik’s cube figure-outer… yet puzzled by bicycle locks: andouillettes, a charred tubesteak composed of innards which carry body badness outwards offering a texture and whiff of organic balloon ends last inflated by the dying breaths of death deities who subsisted on Maroilles and Vieux-Boulogne cheese hot pockets.
In the annals of comestible western civilization, many coprophagous analogies have been made . I have come closer to those than most (except puppies and surströmming consumers).
I would gladly regale my own grandchildren with tales of ancestral courage if my proliferation were not sanctioned by the damned prophylactic tongue-wilting barnyard sausage which even copious mouthfuls of strong mustard could not assuage.
Pépé was an persistent proponent and exhaustive cheerleader for Synthol, a post WWI antiseptic tonic which my sister and I were to believe as the be all, end all miracle analgesic for aches, pains, scrapes, bites, broken teeth, sore hearts, bruised egos, misery, gout, et al…
Pépé was indeed a very brave man.
Papa est né le 21 août 1910 à Molines, St. Etienne du Valdonnez en Lozère. Son père, Garde-forestier au Mas de La Barque, de confession protestante, socialiste et admirateur de la Révolution Française lui avait donné comme prénoms Louis, Albert, Marceau, Fructidor. Quand il était enfant Papa parcourait le Mont Lozère avec son père et connaissait ainsi le nom des arbres et tous les sentiers de randonnée. Il fit ses études primaires, secondaires, puis à l’école Normale d’Instituteurs, à Mende.
Il poursuivit ses études à Paris à l’Ecole Normale Supérieure de l’Enseignement Technique (ENSET). A l’époque il vivait avec un minimum d’argent à la Cité Universitaire et ne mangeant pas toujours à sa faim s’endormait dans le métro ou le bus. Arrivé au terminus il devait alors payer un supplément. Il avait comme professeur de lettres Jean Guéhenno, écrivain connu et futur académicien qui lui demanda de faire le premier exposé de la classe, sur Marcel Proust. Cet exposé, resté célèbre dans la famille fut assez mal accueuilli par Géhenno qui se contenta apparemment de soupirer à la fin, avec pour seul commentaire un laconique : “Pauvre Proust.”
Papa garda pourtant un grand amour de la littérature et quand nous étions enfants ne manquait pas de nous lire les discours de réception du dernier immortel intronisé à l’Académie Française. Je me souviens ainsi du discours concernant Marcel Pagnol que Papa nous lu pendant un repas. Il nous avait annonçé au début que l’Evêque de Mende, un ancien camarade de classe avait été promu archevêque. Notre grand-mère (qui vivait avec nous) en était restée fort ébahie. Mais ce dont je me souviens particulièrement c’est la rigolade collective qui suivit. Papa, lisant dans le discours de réception que Pagnol avait “caracolé à cheval en tenue de gardian” à l’occasion de son élection, la grand-mère qui en était toujours restée à l’archevêque s’était écriée ” Mon Dieu, ce n’est pas possible, un archevêque à cheval en tenue de gardian.”
Papa s’est toujours intéressé à la politique. En 1917 la Révolution Russe avait étonné le monde et ouvert de grands espoirs (vite déçus, mais c’est mon opinion personnelle). Papa fut un des premiers adhérents du jeune Parti Communiste, au grand chagrin de son père qui voulait rester socialiste et restait soupçonneux de cette révolution. Je me souviens qu’il m’avait emmené à la Fête de l’Huma
quand j’avais une dizaine d’années et qu’il m’avait présenté à Marcel Cachin. C’est grâce à lui que j’ai entendu pour la première fois, toujours à la Fête de l’Huma, Paul Robeson.
Et puis bien sûr nous connaissons tous sa courageuse résistance au régime de Vichy et au Maréchal Pétain (dont il retournait le portrait en classe) et son rôle dans la résistance à Evreux après avoir été forcé de quitter Nice. Papa resta fidèle à ses convictions jusqu’à sa mort bien que lors de sa dernière visite à Wading River il m’ait confié qu’il trouvait que certains membres du Parti de St. Gratien étaient des “pieds nickelés”…
Papa était un enseignant hors normes. Dévoué entièrement à l’enseignement, il passait ses soirées et ses week-ends à corriger des copies, préparer des cours et l’emploi du temps du proviseur au grand désespoir de notre mère qui aurait préféré aller au cinéma. En 1949 peu après la naissance de Jean, il fut nommé professeur au Lycée d’Enghien qui venait d’ouvrir et la première collègue qu’il rencontra fut Lucie Aubrac, l’héroïne de la Résistance qui devint une proche amie. Pendant que nous étions à Evreux Papa habitait Deuil avec son beau-père, lequel aimait les grandes femmes (notre grand-mère maternelle faisant apparemment 1m78). Papa avait une année dans sa classe une Suédoise partiulièrement attrayante (qui finit sa scolarité au Crazy Horse). Papa avait pris note de l’heure du cours de gymnastique dans la cour et en avait informé a son beau-père lequel s’était déplacé un jour pour donner son avis (très positif) sur l’élève en petit short.
Plus tard il fut promu inspecteur principal au Cabinet d’Olivier Guichard, le ministre de l’éducation de l’époque. Prendre sa retraite fut difficile car il ne pouvait concevoir de quitter un jour l’enseignement.
Marié le 30 décembre 1939 à Nice avec Andrée Aymard, jeune institutrice rencontrée à Concarneau pendant une colonie de vacances, il arbore sur une photo son uniforme d’officier de l’armée française. Il y aurait beaucoup à dire sur ses talents militaires, en particulier un bref et désastreux passage dans les tanks. Papa n’ayant jamais pu passer son permis de conduire il faut donner raison à la rumeur (venant de ma mère) qu’il avait failli écraser le colonel.
Papa avait tendance à suivre ses pensées et passer parfois du coq à l’âne. Je me souviens d’un épisode assez surréaliste à Wading River. Nous avions invité un collègue du département de français à diner. Durant la conversation à table qui roulait sur la politique en France, Papa qui depuis quelques jours s’était mis à relire Charles Péguy déclara soudain “Je ne savais pas que la mère de Peguy rempaillait les chaises.” Il y eut un silence étonné jusqu’à ce que Steve qui suivait la conversation en français avec une certaine difficulté s’écrit “Peggy who ?”.
Il était d’une grande gourmandise, adorait les éclairs au chocolat et le vin cuit comme Isa se souvient. Les pizzas aussi, qu’il offrait à Julien et Aurélie tous les mercredi en 1987 quand nous étions à Paris. Je suis sûre qu’ils se souviennent de leur journée avec Pépé qui leur faisait visiter tous les monuments, mais faisait aussi leur quatre volontés, les laissait manger des glaces après la pizza, boire du coca, et autorisait Aurélie à se faire percer les oreilles …
Papa adorait voyager et s’inscrivait chaque année au voyage de groupe des Anciens de St. Gratien. C’est ainsi qu’on le voit caracoler en Egypte, en keffieh, à dos de chameau. Il m’avait d’ailleurs écrit qu’il méditait de revenir à St. Gratien revêtu d’une gandoura, histoire d’épater les pieds nickelés … Il aimait s’extasier sur les paysages de sa Lozère natale, particulièrement ceux où “on voit de loin”, mais il était aussi sujet au vertige. Adorant venir aux Etats-Unis (il s’était fait photographier avec une effigie en carton pâte grandeur nature de Reagan, ce qui montre son sens de l’humour) il insistait à chaque voyage pour monter au dernier étage du World Trade Center. Il devenait immédiatement blanc comme un linge, refusait de s’approcher de la paroi vitrée mais s’extasiait néanmoins sur la vue. C’est à lui bizarrement à qui j’ai tout de suite pensé le 11 septembre 2001.
Ma dernière conversation téléphonique avec Pépé eut lieu quelques heures avant son départ pour la Lozère le 6 juillet 1993. Il aurait eu 83 ans.
Hélène Volat.
Eldest daughter, then Òste e Còc’s cherished mother.